Nous sommes le samedi 9 novembre 2019. À l’hôtel Marriott de Port-au-Prince, l'”opposition plurielle” qui s’était réunie pour planifier la transition vers la nouvelle Haïti a enfin trouvé un accord: un juge de la Cour de Cassation remplacera le président Jovenel Moïse jugé illégitime. Ils se donnent rendez-vous le lendemain dimanche, 10 novembre 2019, pour signer le document de la nouvelle “Entente Politique Nationale”.
Les responsables de l’accord, tous des hommes – le seul parti ayant un représentant féminin s’étant désolidarisé de l’effort – donnent un point de presse immortalisé par la photo ci-dessous publiée dans le Nouvelliste. Le porte-parole de la Passerelle – organisatrice de cette grande messe – se fait confiant: “Demain, les acteurs procéderont à la rédaction de la feuille de route du gouvernement de transition et la création de l’organe central ayant pour mission de contrôler les actions de l’exécutif.” Quelques mois plus tard, au deuxième lundi de janvier, le président Jovenel Moïse se retrouva seul à la tête du pays, avec un Parlement devenu caduc faute d’élections.
CNG, 1986
Membres du Conseil National de Gouvernement (CNG) – la junte civilo-militaire qui a succédé au dictateur Jean-Claude Duvalier – incluant le colonel Max Valles, le colonel William Regala, le colonel Prosper Avril, le lieutenant général Henry Namphy, Alix Cinéas et Gérard Gourgue.
Nous sommes le samedi 9 novembre 2019. À l’hôtel Marriott de Port-au-Prince, l'”opposition plurielle” qui s’était réunie pour planifier la transition vers la nouvelle Haïti a enfin trouvé un accord: un juge de la Cour de Cassation remplacera le président Jovenel Moïse jugé illégitime. Ils se donnent rendez-vous le lendemain dimanche, 10 novembre 2019, pour signer le document de la nouvelle “Entente Politique Nationale”.
Les responsables de l’accord, tous des hommes – le seul parti ayant un représentant féminin s’étant désolidarisé de l’effort – donnent un point de presse immortalisé par la photo ci-dessous publiée dans le Nouvelliste. Le porte-parole de la Passerelle – organisatrice de cette grande messe – se fait confiant: “Demain, les acteurs procéderont à la rédaction de la feuille de route du gouvernement de transition et la création de l’organe central ayant pour mission de contrôler les actions de l’exécutif.” Quelques mois plus tard, au deuxième lundi de janvier, le président Jovenel Moïse se retrouva seul à la tête du pays, avec un Parlement devenu caduc faute d’élections.
Nous sommes le 7 février 1986. Au petit matin, à 2h45, le président Jean-Claude Duvalier et les siens partaient en exil dans un C-141 de l’armée américaine, laissant derrière lui un vide de leadership qui sera comblé par un Conseil National de Gouvernement composé de 4 militaires et de 2 civils, tous de sexe masculin… Le général Namphy se veut rassurant: “L’Armée ne nourrit aucune ambition politique et demeure au service des intérêts supérieurs de la Patrie“. Il n’en fut rien.
Après quelques changements cosmétiques tels le retour du drapeau national bleu et rouge, la “bamboche démocratique” se changea vite en manifestants tués (26 avril 1986 ), en manifestants réprimés (juillet 1987), en paysans massacrés (23-24 juillet 1987) et en électeurs massacrés (29 novembre 1987). Suivirent des élections boudées par la majorité de la population (17 janvier 1988) et deux coups d’État (19 juin 1988, 17 septembre 1988).
Accord Mariott, 2019
Le comité de suivi de l’accord de Marriott après s’être entendu sur le nom du Juge de la Cour de Cassation qui devrait remplacer le Président de la République.
Nous sommes le 7 février 1986. Au petit matin, à 2h45, le président Jean-Claude Duvalier et les siens partaient en exil dans un C-141 de l’armée américaine, laissant derrière lui un vide de leadership qui sera comblé par un Conseil National de Gouvernement composé de 4 militaires et de 2 civils, tous de sexe masculin… Le général Namphy se veut rassurant: “L’Armée ne nourrit aucune ambition politique et demeure au service des intérêts supérieurs de la Patrie“. Il n’en fut rien.
Après quelques changements cosmétiques tels le retour du drapeau national bleu et rouge, la “bamboche démocratique” se changea vite en manifestants tués (26 avril 1986 ), en manifestants réprimés (juillet 1987), en paysans massacrés (23-24 juillet 1987) et en électeurs massacrés (29 novembre 1987). Suivirent des élections boudées par la majorité de la population (17 janvier 1988) et deux coups d’État (19 juin 1988, 17 septembre 1988).
Pour nos politiques, le changement se conçoit encore au masculin
Depuis le début de l’ère démocratique, la politique en Haïti est marquée par l’absence quasi-totale des femmes. Alors que la moyenne mondiale de parlementaires oscille autour de 23% – et celle de la région Caraïbe autour de 40% – Haïti se classe dans le bottom 10 où elle occupe la 186ème place sur 193 pays. Alors que les femmes représentent 52% de la population haïtienne, elles sont moins de 3% au Parlement. Ce problème de représentation va au-delà des élections et s’étend à la vie politique en général, celle qui se pratique au quotidien. Il est dans l’absence continue des femmes dans la prise de décisions. Il est dans l’absence d’un questionnement constant et effectif de cet état de fait.
Ce mois-ci, nous posons la question Où sont les hommes de façon effective en cherchant systématiquement à identifier les femmes dans les publications des politiques haïtiens. Suivez les hashtag #kotemedamyo et #fokyola pour retrouver nos efforts … et si nous en ratons une, n’hésitez pas à poser la question vous-mêmes, à nous envoyer la publication directement ou à nous tagger.