Poser la question directement aux leaders politiques, régulièrement: où sont les femmes ? Il faut les mettre face à cet héritage dépassé et manifestement inégalitaire qu’ils font pourtant perdurer. L’image d’hommes politiques signant l’Accord de Marriott en 2019 dit tout puisque même en demandant le changement et en négociant le futur du pays, ces hommes le font seuls, sans une femme.

Les femmes représentent 52% de la population haïtienne. La grande majorité de la population n’est donc pas représentée et est exclue des grandes décisions engageant la nation. Le développement inclusif, la bataille vers le progrès social, vers la justice sociale, c’est l’affaire des hommes ET des femmes.

Les femmes sont non seulement capables de faire de la politique, elles ont le droit ET l’obligation de le faire. Il y va de l’avenir de la démocratie haïtienne. La gestion du pays ne peut continuer à être le domaine exclusif des hommes. Pour que cela change, fòk fanm yo la.

Il faut célébrer le génie – ladrès fanm – de ces femmes qui ont travaillé sans relâche pour élever leurs enfants, se faire une carrière,  contribuer à la communauté et maintenant veulent servir la République. Il faut promouvoir et encourager le leadership féminin.

En Haïti comme ailleurs dans le monde, des femmes politiques contribuent à améliorer les conditions de vie de leurs concitoyens. L’exemple de la gestion de la COVID-19 par les femmes chefs d’État et de gouvernement vient à l’esprit mais nous retenons aussi l’expérience de la juge Ertha Pascale Trouillot à la tête du pays.

Sensibiliser les maris/ compagnons/ parents sur la nécessité de soutenir les femmes dans leurs vies lorsque celles-ci se lancent dans l’aventure politique. La carrière politique est une carrière exigeante et nécessite un système de support familial solide.

La violence en politique est l’un des éléments les plus dissuasifs quant à la participation des femmes en politique. Une femme qui veut servir son pays ne doit pas avoir à subir des menaces et intimidation visant leurs familles, leurs domiciles ou leurs entreprises. 

La volonté de participation des femmes est évidente depuis la marche des femmes le 3 avril 1986.  Les femmes ont participé massivement à la première élection de 1990 à tous les niveaux. Il s’agit désormais de créer un environnement où elles peuvent être candidates librement.

L’investissement dans les campagnes de femmes est un investissement dans le futur. Les femmes sont capables, elles ont la volonté et les idées pour changer Haïti – il ne reste plus qu’à leur en donner les moyens.